Chômage : essai sur les théories traditionnelles.

Objectifs :
- Connaitre les différentes théories qui sous-tendent la problématique du chômage.
- Analyser les travaux des différents économistes sur la question, les moyens de sa prédiction et les solutions envisageables pour l’endiguer.
Les théories traditionnelles relatives au chômage sont les théories qui s’inscrivent dans le cadre des explications globales de la réalité économique (les approches anciennes du chômage). De ce fait, Trois grands courants de pensée économique ont contribué à l’explication de ce fléau social. Ils sont tiraillés entre les explications libérales, marxistes et keynésiennes.
I- Le courant de la pensée libérale.
L’analyse de l’idéologie libérale sur la problématique du chômage restait l’apanage des économistes classiques et néoclassiques :
1- L’analyse de la théorie classique.
Pour D. Ricardo et J.B.Say, le niveau optimal du salaire est celui qui tend vers le salaire naturel, est déterminé par l’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché de travail, il est égal au salaire minimal de subsistance. En revanche, pour Malthus l’explosion démographique, relative à la hausse plus que proportionnelle de la population, entraîne une baisse du niveau salaire au-dessous du salaire minimum.
Pour les classiques, L’équilibre dans le marché de l’emploi s’opère à travers l’égalisation entre l’offre et la demande. Si cette situation n’a pas abouti, c’est par l’existence des facteurs de blocages et des rigidités qui ébranlent le bon fonctionnement du marché. Ces perturbations sont liées principalement à l’intervention de l’État dans la sphère économique via le plafonnement des salaires, réglementation du travail, syndicalisme, etc
Ainsi, pour ce courant libéral, le chômage est volontaire, il est lié à l’insuffisance de l’offre : la production des entreprises est faible, incapable de satisfaire la demande existante. Ce déséquilibre est relatif à la réglementation sur les salaires qui pousse le salaire réel ou effectif à un niveau supérieur aux salaires d’équilibre du marché. Bref, pour les classiques, le coût salarial est un obstacle au plein emploi.
2- L’analyse de la théorie néoclassique.
L’analyse néoclassique du chômage n’a pas s’écarter de l’analyse de ses prédécesseurs, puisque l’explication de ce fléau est attribué aux imperfections et rigidités du marché de travail. L’offre de travail est une fonction croissante de salaire réel, le salarié doit choisir entre un travail moyennant une rémunération salariale (salaire de subsistance) ou préfère rester en chômage.
En revanche, la demande de travail émanant des entreprises est une fonction inverse du salaire réel, l’entreprise recrute jusqu’à ce que la productivité marginale d’un travailleur additionnel devienne négative (rendement de travail faible ou nul).
Pour les néoclassiques, il existe un niveau de salaire qui réalise l’équilibre entre l’offre et la demande de travail et L’État ne doit pas intervenir sur le libre marché pour ne pas encombrer le libre fonctionnement du marché via des mécanismes de blocages comme : fixation d’un salaire minimum, législation sur l’emploi, prélèvements fiscaux et sociaux, syndicat, etc.
II- Le courant de la pensée keynésienne :
En plus de l’analyse libérale, la question du chômage a été expliqué notamment par l’école keynésienne et post-keynésienne :
1- L’analyse de la théorie keynésienne :
Pour les keynésiens, l’État à un rôle prépondérant dans l’économie en agissant sur la demande globale, c’est-à-dire la consommation, l’investissement et les exportations, au contraire des classiques qui s’intéressent à l’offre.
Néanmoins, le système capitaliste est par nature génére une insuffisance de la demande de fait de l’aptitude des entrepreneurs qui cherchent toujours à maximiser les profits et réduire les coûts de production des biens et services, ce qui entraîne une baisse des revenus distribués aux agents économiques, ce qui augmente le chômage.
D’où le rôle important de l’État d’injecter une liquidité complémentaire sous forme de dépenses publiques, ce qui accroît les revenus attribués aux acteurs économiques, stimule la croissance et la création des emplois.
Pour les keynésiens, le chômage est involontaire, il n’est pas dû aux déséquilibres entre l’offre et la demande sur le marché de travail, comme prétendent les classiques, mais plutôt à l’insuffisance de la demande globale, car le niveau de l’emploi dépend des décisions prises par les entrepreneurs qui favorisent le profit aux dépens des salaires, et qui anticipent sur les réactions du marché des biens et services.
Si la production baisse suite à une faible demande effective (anticipée), le niveau du chômage va augmenter et la population active ne va pas trouver suffisamment des emplois. Bref, les entreprises n’ont pas intérêt à produire si l’offre et supérieur à la demande, de fait qu’ils n’ont pas l’argument que le supplément de production va être résorbé prochainement, ce qui entraîne une baisse de production et son corollaire hausse du chômage.
2- L’analyse post-keynésienne.
L’analyse post-keynésienne du chômage a été mise exergue par les travaux soutenus par E. Malinvaud, qui considère que c’est au niveau des marchés où se déterminent les prix, et que les dysfonctionnements et les imperfections des marchés s’autorégulent par rationnement des quantités. Malinvaud, propose 4 scénarios qui peuvent se produire sur les marchés dans le tableau suivant :

Le chômage classique est le résultat d’une baisse de la production sur le marché des biens et services, ce qui se traduit par une hausse du chômage suite à une pénurie de la main d’œuvre et même une politique de relance de la demande ne peut résoudre ce fléau, du fait du coût exorbitant du travail qui ébranle la compétitivité des entreprises.
Alors que, dans l’inflation contenue résulte d’une demande non satisfaite, de fait d’un niveau faible de production, ce qui se traduit par une hausse des prix. Dans le cas d’un chômage keynésien, l’insuffisance de la demande sur le marché de travail, ne permet pas de remédier au problème tant que, l’anticipation des entrepreneurs sur les perspectives de croissance est limitée par le rationnement de la production et de l’emploi. En revanche, pour l’économie socialiste, la hausse du chômage n’a aucun effet sur la production.
3- L’analyse marxiste du chômage.
L’analyse marxiste sur le phénomène du chômage est presque identique à celle de l’analyse keynésienne, qui explique ce fléau non pas à cause de la dynamique du marché du travail et des conditions d’équilibre de l’offre et de la demande, mais plutôt à une insuffisance des revenus distribués aux agents économiques afin de relancer la production, l’investissement et la consommation.
De ce fait, c’est cette contradiction flagrante à laquelle aboutie l’analyse marxiste qui considère qu’il y a des intérêts divergents entre les forces productives dans le système capitalise, entre les propriétaires privés des moyens de production, qui cherchent à maximiser leurs profits aux dépens des ouvriers prolétaires qui ne reçoivent que des salaires de subsistance (reproduction de la force ouvrière, juste pour continuer à travailler).
Cette contradiction dans les intérêts ébranle les fondements et les liens sociaux du système et condamne la croissance. Bref, pour les marxistes, pour remédier le chômage, il faut s’attaquer aux racines de cette contradiction.
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