Inflation et ces implications économiques.
I- Inflation : définition et mesure.
1- Définition.
L’inflation vient du mot latin « inflare », c’est-à-dire « enfler », « gonfler », elle se manifeste par une baisse de la valeur de la monnaie d’une économie, ce qui provoque une hausse générale, durable et auto entretenue des prix des biens et services.
En effet, une hausse éphémère du prix de certains produits spécifiques, conjugué à une baisse ou une stabilité de certains d’autres, dans ce cas, on ne parle plus l’inflation. Ainsi, une augmentation pendant certaines périodes du prix de tous les produits, puis on assiste à une stagnation par la suite, ce n’est plus inflation, car on ne peut le dire, que si une hausse des prix provoque une autre hausse des prix de l’ensemble des biens et services (phénomène cumulatif).

En plus, si la hausse des prix des produits est simultanément associée à une hausse des salaires, cela ne pose pas du souci, la perte du pouvoir d’achat sera combler par une compensation salariale. En revanche, le problème devenu difficile à résoudre et relativement insoluble, lorsque l’écart persiste entre l’augmentation perpétuelle des prix des biens et services et la stagnation des salaires (les salaires s’ajustent lentement par rapport au niveau général des prix).
2- Mesure de l’inflation.
Généralement, il est mesuré par le taux d’inflation qui, n’est autre que le rapport entre l’indice des prix à la consommation (IPC) d’une année courante par rapport à une année de référence. Il se calcule de la manière suivante :
Taux d’inflation= ((IPC1- IPC0) / IPC0).
Avec: IPC= (la somme des indices /100)* pondération.
La hausse du niveau générale des prix est mesurée par des indices des prix, le plus célèbre (il y en a d’autres comme les indices synthétiques), c’est le fameux indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure la variation ou l’écart relatif des prix moyens à la consommation, on se réfère au panier le plus représentatif des produits consommés par les ménages.
Bien évidemment, on constate que, le calcul de l’inflation ne porte pas sur des produits de luxe ou de prestige, mais plutôt sur les produits largement consommés par la population, afin de se renseigner sur le degré de sensibilité des ménages aux variations des prix.
Exemple.
Le tableau suivant mis en évidence l’indice du coût de la vie (ICV) en 2006 et 2007, année de référence 1989.

Interprétation de certains chiffres :
L’indice 174,3 (couleur rouge) : signifie que, les prix des produits alimentaires ont augmenté en moyenne de 74,3 % durant les sept premiers mois de 2006 par rapport à 1989.
Le chiffre 174 (couleur verte) : c’est l’indice des prix des produits non alimentaires des sept premiers mois de 2007. Cela signifie que les prix des produits non alimentaires ont augmenté de 74 % en 2007, en rapport avec l’année de référence 1989.
Le pourcentage 2,8 % (couleur orange) : l’indice des prix des produits alimentaires est en hausse de 2,8 % durant les sept premiers mois de 2007 par rapport à 2006.
Le chiffre pondéré 58,7 (couleur bleue) : les Marocains consacrent 58,7 % de leur budget de consommations aux produits non alimentaires.
Calcul de l’indice du coût de la vie pour l’année 2007 :
On sait que :
ICV= (la somme des indices * la pondération)/100.
= ((179,2*41,3) + (174*58,7))/100
ICV= 176,15
Interprétation : les prix des biens de consommation ont augmenté en moyenne de 76,15% durant les sept derniers mois de 2007 par rapport à 1989.
Calcul de taux d’inflation (TI) :
TI = ((ICV 1 – ICV 0) / ICV 0))*100
= ((176,5 – 172,8)/ 172,8)*100
Taux de l’inflation = 1,93%.
Interprétation : le niveau général des prix a augmenté de 1,93 % durant les sept premiers mois de 2007 par rapport à 2006.
II- Typologies et causes de l’inflation.
1- Typologies de l’inflation.
Il existe plusieurs types d’inflation :
Désinflation : c’est le ralentissement du rythme de l’inflation. Autrement dit, les prix de tous les biens et services augmentent, mais de moins en moins vite. C’est une diminution du taux d’inflation.
Déflation : c’est une baisse drastique du niveau général des prix. Ce phénomène peut être bénéfique au pays, s’il provient d’une économie saine et riche en innovation et progrès technique, ce qui renforce directement la valeur de sa monnaie et indirectement le pouvoir d’achat des ménages, bien-être et prospérité. En revanche, la déflation est dangereuse s’il est le résultat d’une baisse de la production et dilution profonde de la valeur de la monnaie (la grande dépression des années trente).
Stagflation : situation d’une surchauffe de l’économie, caractérisée par la convergence de trois signes précurseurs : un taux d’inflation élevé et faible croissance économique. Cela se traduit par une dégradation de la valeur de la monnaie, la confiance des agents économiques (ménages et entreprises) diminue à cause de la dilution du pouvoir d’achat, baisse de la demande globale et de la production, ce qui provoque un chômage endémique (phase qui précède la récession).
Hyperinflation : situation extrême qui se caractérise par une hausse incontrôlée des prix des biens et services (taux d’inflation qui dépasse 50 %), ce qui se traduit par une forte érosion monétaire. En réalité, l’argent ne vaut rien. Face à cette situation de fuir en avant, les agents économiques achètent des valeurs refuges (devises, actifs surs, etc.) pour se prémunir.
Un pays qui se trouve y étant confronté sera condamné à une crise économique et financière majeure. Cependant, plusieurs exemples peuvent illustrer ce cas de figure comme : l’explosion de la dette publique, les guerres civiles, absence d’une réglementation de change, instabilité de la masse monétaire, etc.
2- Les causes de l’inflation (les sources).
Il existe plusieurs causes qui sont derrières la formation de l’inflation :
- L’inflation par les coûts.
- L’inflation par la demande.
- L’inflation par la création monétaire.
- L’inflation par la structure.
2-1 L’inflation par les coûts :
Cette situation mise en évidence plusieurs cas de figure comme : le renchérissement des coûts des facteurs de production (salaires, matières premières, taux d’intérêt, etc.), l’augmentation du niveau général des prix des matières premières importées, incorporées comme des utilisations intermédiaires, en plus de la baisse de la valeur de la monnaie nationale, qui rend les produits importés plus chers… Incitent les entreprises, pour préserver leurs marges bénéficiaires, de récupérer la hausse des coûts des facteurs sur le prix de vente de leurs produits finis.
2-2 l’inflation par la demande :
Un déséquilibre entre une offre (stable) et une demande (en augmentation) pousse automatiquement les prix vers la hausse. La stimulation de la demande globale peut être attribuée à plusieurs raisons notamment : une période d’euphorie relative à une hausse des salaires, ce qui incite les ménages à consommer plus que d’épargner, Ainsi qu’une hausse de la demande étrangère vis-à-vis des produits nationaux, Apparition de nouveaux produits, augmentation de la dépense publique, etc.
En revanche, du côté de l’offre, la rigidité peut être expliquée par plusieurs raisons, entre autres : offre insuffisante en produits finis ou qui ne répond pas aux besoins réels des consommateurs, pénurie au niveau des matières premières où des produits intermédiaires, saturation des capacités productives des entreprises, etc.
2-3 l’inflation par création monétaire :
Selon cette approche, la question de l’inflation est purement d’ordre monétaire. Les monétaristes stipulent qu’une hausse de la masse monétaire plus que celle du taux de croissance du PIB provoque une hausse des prix.
En effet, La relation entre le niveau général des prix et la masse monétaire a été mise en évidence par E. Ficher à travers « la théorie quantitative de la monnaie » : M.V= P.T (avec M : la masse monétaire, V : vitesse de circulation, P : niveau général des prix, nombre des transactions).
De ce fait, c’est la quantité de monnaie en circulation qui détermine la production et le volume des transactions échangées, par conséquent, toute variation de la masse monétaire va entraîner une hausse des prix, ce qui provoque l’inflation.
2-4 l’inflation par la structure :
Dans le cas d’une structure de marché dominé par une situation de monopole où d’oligopole, les entrepreneurs dominent les marchés et fixent les prix de vente des marchandises, ce qui limite la concurrence et génère de l’inflation.
C’est le cas notamment des conflits sociaux (grèves) ou les salariés revendiquent leurs droits sociaux, ce qui influence négativement l’offre de l’entreprise, par conséquent, les prix de vente augmentent.
De plus, en cas de hausse des salaires suite au dialogue social avec les syndicats, les patrons des entreprises agissent par une politique d’indexation des salaires sur les prix de vente des biens et services.
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