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Croissance économique: Définition du concept et essai d’analyse théorique.

Objectifs:

  • Connaître les différents concepts et définitions inhérentes à la croissance économique. 
  • Analyser le phénomène à travers les différents travaux et études académiques des principaux théoriciens et spécialistes du domaine. 
  • Développer des connaissances solides sur les rouages et les mécanismes derrières le développement de la civilisation occidentale. 

I- Que signifie la croissance économique ?

1- Quelques définitions:

La croissance économique a été le théâtre d’un débat acharné entre plusieurs auteurs, qui sont essayés d’expliquer le phénomène notamment :

  • François Perroux qui a attribué la croissance économique à  » l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels ».

D’après cette définition on constate que: 

  • La croissance est un processus de long terme qui se déroule sur plusieurs années voir des décennies (les 30 glorieuses par exemple).
  • La croissance est phénomène auto-entretenue: c’est à dire qu’une période de croissance va entraîner une autre de manière automatique. La croissance d’aujourd’hui va impacter de manière significative la croissance future.
  • La croissance est mesurée par un indicateur synthétique quantitatif qui est le Produit Intérieur Brut (PIB).
  • La croissance engendre des modifications et des transformations structurelles dans la société (évolution des structures productives, mutation des méthodes de consommation… etc.).
  • Selon Simon kuznets  » la croissance économique est essentiellement un phénomène quantitatif. A cet effet, on peut définir la croissance économique d’une nation comme un accroissement durable de la population et du produit par tête ».
  • Selon Jean Arrous considère que  » La croissance économique est un processus cumulatif d’interactions qui se traduit par la hausse continue de la productivité ».

Donc la croissance est un phénomène quantitatif statistique de la richesse créé, mesurée par un indicateur global qui est le PIB. D’ailleurs, il existe deux variantes du PIB: en volume et en valeur (résultat d’un effet quantitatif et d’un effet prix).

2- Remarques.

La croissance est une étape de développement, ça ne signifie pas amélioration du bien-être social, au contraire, la croissance peut contribuer à creuser les inégalités dans la société.

Lorsque la croissance s’affiche sur une courte période (quelques mois), les économistes préfèrent parler d’une période d’expansion (phase d’un cycle).

Une croissance forte n’est pas synonyme que l’état de l’économie est en bon augure au contraire, elle peut s’accompagner une forte inflation (renchérissent du coût de la vie), d’une perte de la compétitivité des entreprises nationales à l’international via la dégradation des termes de l’échange, la hausse des importations et le creusement du déficit de la balance commerciale.

La croissance est dite « extensive » lorsque la richesse créé provient de l’utilisation des facteurs de production (capital, travail). Autrement dit: les biens et les services produits augmentent proportionnellement aux facteurs de production et les consommations intermédiaires utilisées.

La croissance est dite « intensive » lorsque la création de la richesse n’est pas liée seulement au facteur travail et capital seulement, mais relative aussi à l’incorporation du progrès technique et une meilleur organisation dans le système productif. Dans ces conditions, la production augmente plus que proportionnelle  aux volumes des facteurs de production et consommations intermédiaires utilisées.

La croissance est dite « autocentrée » lorsqu’elle repose sur des dynamiques internes, des stratégies basées sur l’accroissement du marché intérieur et un faible degré d’ouverture vis-à-vis de l’extérieur. Par contre, une croissance « extravertie » est le caractère d’une économie qui s’ouvre à l’extérieur avec une intensification des échanges internationaux, fait appel aux capitaux étrangers et cherche des débouchés pour les produits exportés.

Une croissance est équilibrée lorsqu’il existe un équilibre entre l’offre et la demande sur le marché des biens et services. La main invisible du marché ajuste les quantités offertes et demandées que le prix varie. Le schéma canonique de la croissance équilibrée est similaire aux paramètres du carré magique de Nicolas kaldor: faible niveau d’inflation, création d’emploi et balance commerciale équilibrée. (Pour plus d’informations voir article « croissance et développement économique).

II- Les théories de la croissance. 

La croissance économique a été le théâtre de plusieurs travaux théoriques et empiriques qui empreinte l’évolution de l’histoire de la pensée économique de ce phénomène. 

1- L’analyse théorique de la croissance. 

  • A. Smith père fondateur de l’économie politique, explique dans son ouvrage (1776)  » Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » que la création de la richesse induit par l’augmentation de la production a pour origine la division de travail (surplus, gain de productivité, organisation, taille de marché.. etc.).

– En plus, du mécanisme de la division de travail, la croissance se trouve renforcer par la participation du pays au commerce international via le libre-échange et la spécialisation (théorie des avantages absolus). L’auteur prévoit que, la croissance ne peut être apathique tant que la division de travail et la taille de marché augmentent à un rythme plus que proportionnelle.

– Cependant, Malgré sa vision non interventionniste, Smith approuvait le rôle des infrastructures publiques (ponts, routes, ports… etc.) dans le maintien de la croissance à long terme. 

  • D. Ricardo (1817) dans son ouvrage  » Principes de l’économie politique et de l’impôt  » souligne le rôle du progrès technique dans le maintien et la préservation de la croissance comme solution à la loi des rendements décroissants de la productivité des terres agricoles cultivés, induit par l’expansion démographique. 

Cette vision décourage les capitalistes à investir (partage de la richesse entre les salariés et les propriétaires fonciers), ce qui mène l’économie à l’état stationnaire. En effet, le progrès technique et la spécialisation à l’international (théorie des avantages comparatifs) permettent de remédier à la stationnarité de l’économie. 

  • R. Malthus (1798) dans son ouvrage « Essai sur le principe de population » considère que les perspectives de croissance sont limitées en raison de l’augmentation plus que proportionnelle de la démographie. 

Malthus attribue cette tendance de marasme en Angleterre à l’existence de deux lois universelles: la loi de la progression arithmétique de la subsistance et la loi géométrique de la population, autrement dit, la population augmente à un rythme beaucoup plus vite que la nourriture, ce qui condamne la croissance et le développement. 

En effet, Malthus prévoit, pour résoudre cette impasse de réduire la population (baisse de la natalité), mortalité et promotion du célibat. 

  • Karl Marx (1867) « le Capital » qui souligne que  la croissance dans le mode de production capitaliste est condamnée à s’amenuiser du fait de la baisse tendancielle du taux de profit.

En effet, les schémas de la production élargie se trouvent bloquer à cause de la quête toujours plus de plus-value, les bas salaires dans les manufactures (salaire de subsistance) et la concurrence acharnée entre les capitalistes entraînent inéluctablement un blocage dans le système de production capitaliste. 

  • J. Schumpeter (1942)  » Capitalisme, socialisme et démocratie » mis en évidence le rôle sine-qua-non du progrès technique comme la clé de voûte du changement. De ce fait, le cycle vertueux de la croissance ne peut être abouti que grâce au processus de l’innovation. 

Schumpeter prévoit 5 types d’innovation: Création des nouveaux produits, changement dans les méthodes et procédés, changement dans les structures des organisations, nouveaux débouchés, apparition de nouveaux ressources naturelles.

« L’impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de la consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle – tous éléments créés par l’initiative capitaliste ». 

L’analyse de Shumpeter semble d’une importance capitale car il n’a pas lié la croissance seulement au progrès technique mais plutôt à d’autres variables notamment: l’apprentissage organisationnel et l’innovation, sans oublié le rôle prépondérant du chef de l’entreprise « l’entrepreneur » qui mène l’affaire, pris l’initiative et encoure les risques inhérents au monde des affaires.

De ce fait, les rétributions financières attribuées aux entrepreneurs sont en fonction des innovations et du progrès technologique, ce qui provoque la « destruction créatrice » toujours à la quête du changement. Le système finira d’être bénéfique et profite à tout le monde.

  • Le courant postkeynésien: La crise de 1929 fut des fissurations profondes dans les modèles de croissance occidentaux. Ce qui pousse certains économistes inspirés des travaux de J.M. Kyens de s’interroger sur les possibilités d’une croissance équilibrée qui rompre avec les causes de la grande dépression.

C’est dans ce sillage que les travaux de recherches de Harrod et Domar ont été effectués afin de réunir les conditions nécessaires et les caractéristiques essentielles d’un modèle de croissance des économies occidentales touchées en plein fouet par la crise. Harrod démontre que l’investissement joue un rôle important dans la politique de relance via double effets : effet-revenu et effet-capacité.

L’effet revenu: se matérialise par le fait que l’investissement agir sur la consommation, stimule la demande et entraîne une hausse des revenus via le multiplicateur keynésien. 

L’effet de capacité : l’investissement stimule à long terme les capacités productives via le principe de l’accélérateur. 

L’équilibre de la croissance ne peut être atteint que si les revenus supplémentaires générés permettent d’absorber la production supplémentaire obtenue. Cette condition n’est approuvée que si l’investissement augmente à un taux proportionnel à l’offre et à la demande. 

  • R. Solow (prix noble 1987). Le modèle néoclassique de Solow rejette l’hypothèse de fixité des facteurs de production dans le modèle de croissance de Harrod, basé sur les facteurs endogènes (l’investissement et le capital). Solow stipule que la croissance par tête est attribué plutôt au montant du capital technique investi (machines, équipements, infrastructures… etc.). 

De ce fait, lorsque l’investissement par tête dépasse le taux d’amortissement technique par tête, le travailleur va disposer d’un matériel plus performant, ce qui lui permet de produire d’avantage jusqu’à ce que la production devienne négative (loi des rendements décroissants).

La croissance par tête va cesser. C’est ce que Solow appelé l’avènement de l’état-régulier: il dépend du coût de capital, s’il est diminué le coût de travail va augmenter, ce qui permet de substituer du capital au travail, l’investissement par tête va augmenter jusqu’à ce que, un nouveau état-régulier arrive. 

Pour résoudre le problème de l’état-régulier Solow à introduire un nouveau variable exogène dans l’équation qui est le progrès technique, ce qui permet de maintenir la croissance à long terme.

De ce fait, Solow prédit que, même si les politiques macro-économiques peuvent accélérer l’avènement de l’état stationnaire, mais elles sont sans impacts sur la croissance économique à long terme, le progrès technique exogène reste capable de préserver cette croissance, et engendre des externalités positives. 

  • L’approche systématique: Cette approche propose d’analyser les caractéristiques de la croissance à travers la dynamique des systèmes. Cette méthode a été développée par J.W Forestier en (1971) qui mis en évidence la relation entre plusieurs variables, formant des boucles de couplage interdépendantes avec un impact parfois directe, parfois décalé dans le temps. 

 L’objectif principal est de reconnaître que dans un contexte mondial, il est existé des interdépendances et interactions entre 5 facteurs majeurs: explosion démographique, production alimentaire, industrialisation, épuisement des ressources naturelles et pollution. 

Les conclusions de cette approche sur la croissance sont pessimistes et catastrophiques de telle sorte que, le système global dans son ensemble va inévitablement à une situation d’impasse, accélère le surchauffe et l’effondrement, dont les causes sont à chercher dans la dynamique du système global: disparition des matières premières, dégradation environnementale (pollution) et pression démographique sur la nourriture. 

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