Le stress hydrique au Maroc : les causes d’une dérive inquiétante.

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Le stress hydrique a défrayé la chronique ces derniers temps, il est devenue en plus d’être la une des journaux, un problème grandissant au Maroc, qui est causé par une combinaison de facteurs, principalement le changement climatique qui en reste de loin le premier responsable, ainsi que la baisse drastique des précipitations ayant provoquée un déficit pluviométrique historique, sans oublier la consommation à outrance en eau, tirée par les besoins accrus du secteur agricole, industriel et domestique. En effet, il est donc crucial de comprendre les tenants et les aboutissants de ce marasme qui ébranle et menace l’équilibre socio-économique et écologique non seulement du Maroc, mais du globe terrestre tout entier .

I- Le changement climatique : une calamité mondiale.

Ce n’est plus étonnant de voir tout le monde parle du changement climatique. Une calamité délaissée hier, mais qui suscite un regain d’intérêt aujourd’hui. Cependant, ce qui rend le réchauffement climatique une problématique d’une grande acuité, et toujours d’actualité, c’est par la dérive tellement inquiétante qu’elle a pris ces dernières décennies. A tel point qu’on voit désormais ces manifestations de plus en plus cruelles et assurément dévastatrices sur tous les aspects de la vie humaine.

Sans prétendre l’exhaustivité, on peut énumérer toute une série des conséquences dramatiques de cette dérégulation environnementale  : l’accélération de l’élévation du niveau moyen de la mer, des inondations épouvantables, un taux d’acidité de l’océan de plus en plus élevé qui devraient tous s’aggraver au cours des prochaines décennies, des sécheresses récurrentes, le recul de la banquise arctique, la fonte de la calotte glaciaire, entre autres phénomènes extrêmes, comme les incendies de forêts accompagnant des vagues et chaleurs intenses, dont la fréquence et la violence renseignent sur le drame du dérèglement.

L’exemple Des records de température qui sont largement battus de nouveau cette année, au Canada, aux États-Unis, en Russie arctique et en Asie centrale, surtout en période estivale, est révélateur dans ce sens.

En outre, les Terribles inondations en Pakistan, la sécheresse qui sévit de longue date dans la corne de l’Afrique, sans parler du drame australien en 2020 qui a produit une catastrophe écologique inédite, plus de 500 millions d’animaux tués et près de 6 millions d’hectares de forêts ébranlés et détruits, sans parler de 250 millions de tonnes de gaz toxique à effet de serre libéré dans l’atmosphère.

A l’échelle mondial, les statistiques ne manquent pas pour illustrer ce constat accablant : sans s’éloigner dans le temps pour argumenter, le rapport publié récemment par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat dans le monde  au titre de l’année 2022, en marge du premier jour de la 27e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), qui est tenu à Sharm el-Sheikh (Égypte) du 6 au 18 novembre dernier, est une preuve irréfutable et choquante sur la gravité de la situation.

Dans ce sillage, et selon cet organisme international : Les huit dernières années sont en passe de devenir les plus chaudes jamais enregistrées, en raison de l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre et de la chaleur accumulée.

Le même organisme a ajouté que, La hausse moyenne de la température mondiale cette année est actuellement estimée à environ 1,15 degré Celsius au-dessus de la moyenne préindustrielle de 1850-1900. En effet, La hausse de la température mondiale a entraîné un niveau record de chaleur océanique en 2021, le taux de réchauffement n’est jamais  aussi élevé que ces 20 dernières années.

Les révélations fracassantes sur la montée des eaux de la mer à des niveaux records jamais enregistrer du fait de la fonte des glace est tellement sidérant : ce rapport stipule que, l’élévation du niveau de la mer a doublé depuis 1993, tandis qu’elle a augmenté de près de 10 millimètres depuis janvier 2020 pour atteindre un nouveau record historique cette année. En plus, La calotte glaciaire du Groenland a perdu de sa masse pour la 26e année consécutive en raison de la hausse constante de la température mondiale.

Dans la même veine, en peut également étayer l’analyse par une étude publiée  quelques jours de la COP 27 par L’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture de  l’unesco, qui appel à cette occasion la communauté internationale à tenir ces engagements en matière de réduction des émissions de CO2. Selon cette étude, Les glaciers du patrimoine mondial fondent à raison de 58 milliards de tonnes de glace chaque année, soit le volume d’eau utilisé annuellement par la France et l’Espagne, contribuant 5% à l’élévation mondiale du niveau de la mer.

Ce signale de détresse planétaire, quoiqu’il est global, ne touche pas les pays de la même manière. En effets, les pays riches développées (biens préparés) sont moins touchés que les pays en développement. En effet, même si les pays industrialisés sont les plus responsables de ce marasme, ce qui paye la facture et subi les affres de dérèglement climatique sont les seconds.

II- Les causes du stress hydrique au Maroc :

Le Maroc n’est pas sorti indemne de la crise climatique mondiale, comme en témoigne le déficit pluviométrique énorme qui introduit le Royaume dans un stress hydrique qui a pris ces dernières années une tournure structurelle.

Trois facteurs déterminants expliquent cet impact : Le changement climatique (la cause commune qui explique les deux autres), conjugué au déficit pluviométrique et à une  consommation galopante des ressources hydriques (principalement l’irrigation des cultures et la hausse de la demande en eau), font entrer le pays dans une situation de stress hydrique perpétuelle.

En toile de fond, et comme bon nombre de pays, le Maroc a subi de plein fouet les effets néfastes du changement climatique. D’une décennie à l’autre, les retombées de la crise climatique deviennent de plus en plus prononcées et les turbulences environnementales beaucoup plus virulentes.

La majorité des experts, pour ne dire la totalité, en environnement et développement durable, soutient l’hypothèse que le Maroc connaît des carences sous l’effet du changement climatique et des vagues répétitives de sécheresse, qui ont pris une tendance alarmante.

Même le chef du gouvernement approuve à maintes reprises cette réalité on disait que la problématique de l’eau est devenue tellement inquiétante qu’elle s’est imposée comme priorité majeure de l’action gouvernementale.

A- Le réchauffement climatique :

Personne ne peut nier que le responsable du premier plan dans La crise climatique au Maroc est le réchauffement démesuré de la planète. Ce phénomène a provoqué d’une décennie à l’autre des effets catastrophiques sur l’équilibre écologique, via une baisse drastique des précipitations, sa mauvaise répartition sur l’ensemble du territoire du pays, ce qui se traduit par une chute brutale dans les réserves des barrages et nappes phréatiques.

Aziz Akhannouch, a fait le point dans une intervention au parlement le décembre dernier, que la situation actuelle est jugée difficile. En témoigne « les vagues successives de sécheresse, dont les plus importantes se sont produites entre 1940-1945 et 1980-1985 », selon M. Akhannouch qui a précisé que « la période entre 2018 et 2022 reste parmi les périodes les plus sèches de tous les temps, car les précipitations totales se sont élevées à environ 17 milliards de mètres cubes, ce qui constitue le volume de précipitations le plus faible en cinq années consécutives- dans l’histoire du Maroc ».

Ceci explique la baisse importante des précipitations de 50% au niveau national par rapport au taux normal des précipitations, sans compter la variation territoriale du taux de précipitations puisque 51% de celles-ci sont concentrées sur seulement 7% du territoire national dans les bassins du Loukkos et du Sebou.

Pire encore, « Au 1er décembre, la réserve d’eau dans les injections des barrages s’élevait approximativement à 3,82 milliards de mètres cubes, ce qui équivaut 23,8% en taux de remplissage total, contre 34,6% enregistrés à la même période l’année dernière », a poursuivi le Chef du gouvernement, rappelant que « la quantité moyenne d’eau par habitant diminue considérablement, sa part moyenne par an étant estimée à 620 mètres cubes ».

B- Déficit pluviométrique énorme :

La baisse du volume des pluies a généré, avec des années de sécheresses, un déséquilibre structurel entre l’offre et la demande en eau, dans la mesure ou le besoin pluviométrique pourrait atteindre 2,3 milliards de m3 en 2030 (pour une demande prévue de l’ordre de 14,8 milliards de m3, Dépassant les ressources mobilisées qui s’élèveraient a près de 12,5 milliards de m3).

Ce gap hydrique a provoqué un dérèglement dans tous les domaines passant par la dégradation des écosystèmes environnementaux, qui menace plusieurs espèces animales de l’extinction, ainsi que le déclin de la couverture végétale et forestier, sans parler de la pénurie d’eau, le spectre qui est devenu plus que jamais un cauchemar, que ce soit pour la population que les décideurs politiques, surtout dans le monde rural ou les effets nuisibles de la crise sont plus criantes.

C- Consommation galopante en eau :

La troisième variable importante qui explique ce stress hydrique, la consommation effrénée de l’eau. Bien que la proportion de la consommation domestique et les besoins industriels ne représente qu’une faible part, qui ne représente que 15%, le secteur agricole, particulièrement sa frange irrigable, reste de loin le responsable de premier plan dans la chute brutale de la ressource hydrique au Maroc, ainsi que les pertes en économie d’eau et le gaspillage, du fait de la faible efficience d’irrigation à la parcelle en amont et aval des barrages.

La pression démographique l’est aussi, ne peut qu’exaspérer les tensions dans les années avenir sur cette matière vitale. D’où la question centrale de sa  bonne gestion. En effet, la rationalisation de l’usage de l’eau reste une voie royale afin de conserver cette précieuse denrée. Une voie qui nécessite, par conséquent, la collaboration de tous les acteurs, via des compagnes d’information et des journées de sensibilisation des citoyens de la nécessité d’économiser et d’éviter le gaspillage en eau.   

En guise de conclusion on peut dire que, le stress hydrique qui sévit actuellement dans le monde en général et le Maroc en particulier est causé principalement par le réchauffement climatique, qui constitue la cause commune et déterminante des autres facteurs : le déficit pluviométrique et l’usage irresponsable en eau. Cela nous amène à se questionner sur les mesures prises par les pouvoirs publics afin d’atténuer les effets catastrophiques de cette fatalité.

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