Les défis de la ressource hydrique au Maroc.

la crise de l'eau

A l’unanimité des experts, l’eau est le garant incontestable de toute vie sur terre, et le pivot central sur lequel se base tout développement économique et social. Les besoins en cette matière vitale sont devenus de plus en plus accrus dans tous les domaines, notamment, économique et industriel.

En effet, la forte demande du domaine agricole, un secteur qui consomme près de 85 % des ressources en eau renouvelable, conjuguée à un dérèglement climatique sans précédent et la résurgence des périodes de sécheresses récurrentes rendaient cette ressource de plus en plus rare.

Situé dans une zone géographique fortement impactée par le changement climatique, le Maroc est classé parmi les pays les plus touchés, avec un déficit hydrique cumulé, qui pourrait atteindre 2,3 milliards de m3 à l’horizon 2030.

 Ce constat est d’autant plus alarmant et faisons froid dans le dos, si en tenant compte que le Maroc, selon les statistiques et l’avis des experts, pourrait même perdre plus de 80 % de ses ressources actuelles en eau d’ici 25 ans si la situation persiste.

 Cela nous conduit à se questionner sur, les facteurs qui ont  permis cette situation. On va s’attarder dans un premier temps sur les défis de la ressource hydrique au Maroc (présent article), puis dans un second temps (article 2), nous exposerons les causes profondes de cette dégradation environnementale, ainsi que les mesures prises par les pouvoirs publiques afin d’atténuer ses effets collatéraux sur le pays tout entier.

Les défis de la ressource hydrique au Maroc :

Dans le présent qui court, L’accentuation du dérèglement climatique et la persistance du déséquilibre environnemental planétaire a modifié le visage de la ressource hydrique au Maroc.

On peut appréhender ce constat, sans prétendre l’exhaustivité, dans les traits saillants suivants : insuffisance de la ressource hydrique, l’irrégularité des précipitations, une répartition spatiale inégale des pluies, la dégradation croissante de la qualité de la ressource, les pressions anthropiques, La valorisation insuffisante de la ressource en eau, les évolutions futures des disponibilités en eau et la surexploitation des ressources en eau souterraine.

1- La baisse drastique de la ressource hydrique :

Ces dernières années sont marquées par une baisse drastique de la ressource en eau. Le Maroc était rapproché du seuil de la pauvreté en eau, fixé par les organismes internationaux à 500 m³ annuel par habitant. Ce chiffre pourrait dégrader davantage dans les années à venir pour passer en deçà de ce seuil si la situation persiste.

Les révélations fracassantes des statistiques officielles montrent l’ampleur du constat : l’insuffisance des disponibilités en eau est devenue de plus en plus alarmante. En effet, aujourd’hui, la part annelle de chaque habitant en eau est évaluée approximativement à 620 m³, un chiffre inquiétant au regard des disponibilités hydriques du Maroc qui s’élèveraient à 2 600 m³ en 1960, soit une baisse de 71,5 % sur la période 1960-2010.

2- L’irrégularité des précipitations :

La performance du modèle économique du Royaume est conditionnée par la bonne tenue du secteur primaire, qui dépend non seulement du volume des précipitations, mais également de sa régularité durant toute l’année. Or, force est de constater que, cette situation a été totalement changée ces dernières années avec un stress hydrique inquiétant, alimentée par la forte dérégulation des pluies.

D’une décennie à l’autre, le Maroc est confronté à une mauvaise régularité des précipitations, surtout dans les périodes automnales et hivernales, qui sont devenues plus sèches, ce qui impacte et conditionne le sort des compagnes agricoles et par ricochet, la croissance économique du pays. 

3- La répartition spatiale inégale :

En plus de la désorganisation des pluies, on assiste désormais à sa faible couverture sur l’ensemble du territoire national. Dans ces dernières années, on constate que, la concentration des pluies est devenue tellement aiguë touchant, à des exceptions près, seulement, la partie nord du royaume alors que, la rareté des précipitations s’affiche au niveau du centre qu’au sud du pays. On assiste donc à une désertification plus prononcée dans les autres régions, faute des pluies.

4- L’altération grandissante de la qualité de la ressource:

La perte en valeur qualitative de la ressource est un phénomène associé en grande partie à la pollution dans toutes ces formes, principalement : les déchets, et le rejet des eaux usées dans le milieu naturel, ce qui conduit après la décomposition des substances chimiques à une passation du liquide toxique dans les sous-sols, ce qui affecte et dégrade la qualité des nappes phréatiques et les eaux souterraines.

Statistiquement parlant, le rejet d’eaux usées dans la nature sans traitement préalable, est estimé à 750 millions de m3 en 2012 et pouvant atteindre 870 millions.de m3 en 2020 et 1.039 millions de m3 en 2030.

5- Les pressions anthropiques : l’impact humain

L’empreinte humaine sur l’environnement peut être appréhendée par plusieurs facettes : si le rejet dans les espaces naturelles est parmi les formes les plus cruelles, on ne peut délaisser le rôle des prélèvements excessifs, le forage incontrôlé des puits et la surexploitation des ressources hydriques souterraines et superficielles. Au Maroc, le volume exploité est de 4,3 milliards de m3 contre un volume exploitable de 3,4 milliards de m3, engendrant un déficit annuel de près d’un milliard de m3.

6- La valorisation insuffisante de la ressource en eau :

En effet, ce gaspillage se voit de manière avérer dans le domaine agraire, ou l’agriculture consomme des ressources de plus en plus importantes. À ce titre, 85 % des ressources en eau renouvelables sont destinées à l’agriculture irriguée, alors que le secteur industriel et la consommation domestique ne partage que le reste.

Cette forte consommation de l’agriculture en eau, condamne sa gestion. Cette dernière est marquée par une sous-valorisation de la ressource hydrique : les pertes en économie d’eau sont considérables si en tenant compte de la faible efficience à la parcelle pour l’irrigation de surface qui ne représente que 50 %. Sans mentionner les prix inadéquats dans le secteur, ainsi que le retard dans l’équipement des superficies en aval des barrages existants.

7- Les évolutions futures des disponibilités en eau :

En plus des caractéristiques précédentes, la ressource hydrique au Maroc est tiraillée, en outre, par une forte pression démographique qui alimente une demande en eau de plus en plus forte, ce qui conduit à un déséquilibre persistant de la demande par rapport à l’offre mobilisable disponible qui est en dégradation perpétuelle.

En chiffre, le déficit hydrique du Maroc pourrait atteindre 2,3 milliards de m3 à l’horizon 2030 pour une demande prévue de l’ordre de 14,8 milliards de m3, Dépassant les ressources mobilisées qui s’élèveraient à peu près à 12,5 milliards de m3.

8- La surexploitation des ressources en eau souterraine :

Cette situation s’explique en grande partie par l’industrialisation du secteur agricole qui rend les possibilités de forage des puits et l’exploration des ressources hydriques de la surface et souterraine beaucoup plus réalisation et dans un laps de temps record.

Ce qui conduit à une forte intensification des pompages et une baisse de captage de l’eau par les nappes phréatiques, une situation qui s’aggrave avec les pratiques illicites et clandestines qui érodent l’équilibre aquifère.

En guise de conclusion, on peut dire que, la ressource hydrique au Maroc est exposée à plusieurs menaces qui ébranlent et misent en péril l’équilibre de l’écosystème environnemental. Cela  nous conduit à se questionner sur les causes profondes qui sous-tendent cette dérive inquiétante et les mesures prises par les pouvoirs publiques pour éviter le scénario catastrophique.

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