Les défis économiques du Maroc en 2023.

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photo de saicharangoud kannapuram

Il apparaît que, la succession des crises est devenu une caractéristique majeure des économies du 21ᵉ siècle. Après la crise de la nouvelle économie en 2001, des subprime en 2008, celle des dettes souveraines de l’occident en 2011, l’épisode suivant dans cette longue série, et non la dernière, était bien évidemment la crise sanitaire de la Covid-19, sans parler de la dernière crise géopolitique Russo-Ukrainienne.

En effet, en périodes d’incertitude, la vitesse de multiplication de ses crises rend les États de plus en plus fragiles, éprouvent de grandes difficultés de gestion pour maintien à flot leur économie. Ce constat alarmant a été généralisé, quoiqu’à des proportions moins sévères pour les pays développés, que pour ceux en développement, dont les conséquences négatives sont plus prononcées.

Or, le Maroc, et comme la majorité des pays, a subi de plein fouet les retombées néfastes de la crise sanitaire de Covid-19. Le royaume a donné une version exemplaire, originale et unique dans la gestion de la pandémie après un déroulement efficient des campagnes de vaccination. Cela a permis à un bref délai de desserrer les contraintes imposées par le confinement. Même si la crise sanitaire a laissé un coût de gestion économique non négligé, qu’il aurait coûté selon le diagnostic du Haut Commissariat au Plan (HCP) (14 juillet 2022) de 2ᵉ années de croissance et 3ᵉ ans de lutte contre la pauvreté.

En début de cette année, L’économie marocaine a été mise à rude épreuve, du fait, de la montée en pêche de plusieurs zones d’incertitude, d’ordre principalement exogène qui ont remis en cause les prémices d’une relance économique en 2021. Après les prévisions relativement optimistes sur la croissance économique, la loi de finance pour l’année budgétaire 2023 table sur une croissance de 3.4 %. D’ailleurs, la banque mondiale, a maintien dans ses estimations pour le cas marocain, ses taux de croissance à 3.5 % en 2023 et 3.7 % en 2024.

Néanmoins, la réalisation de ces performances semble plus difficile, au regard de la recrudescence de plusieurs facteurs de risques qui ont mis en branle un redémarrage sain de l’activité économique, notamment : le spectre d’une mauvaise compagne agricole 2022/2023, la hausse des prix des matières premières et énergétiques dans le marché international, la montée en flèche de l’inflation et son impact sur le pouvoir d’achat des ménages, resserrement de la politique monétaire à travers la hausse du taux directeur ainsi que le problème de la dette publique.

Défis n°1 : le scénario inquiétant d’une mauvaise campagne agricole 2022/2023.

Les signes alarmistes ces dernières années sur la situation de secteur agricole, laisse le Maroc sous l’effet pressant de la rareté de la ressource de l’eau, comme en témoignent les statistiques officielles : le déficit pluviométrique de la campagne agricole précédente : 199 mm fin mai 2022, soit une baisse de 44 % en moyenne par rapport aux 30 ans (344 mm) et 34 % par rapport à la campagne précédente. Le Maroc a évité de tomber dans le niveau critique grâce aux dernières précipitations : taux de remplissage des barrages en début décembre à 30.7 % après avoir frôlé le seuil critique de 25 %.

Les récurrentes années de la sécheresse ont provoqué un stress hydrique sans précèdent dont les causses principales : la baisse inquiétante de la ressource hydrique, pression démographique, baisse en disponibilité de l’eau, surexploitation des eaux souterraines (baisse des nappes phréatiques, le recul des réserves au niveau des barrages).

Le dernier trimestre de 2022 a été sauvé par les dernières précipitations en décembre, quoiqu’à des proportions variables entre les territoires, mais dans l’ensemble reste en deçà des attentes.  Tous ces indices laisseront présager une difficile compagne agricole.

Défis n°2 : la hausse effrénée des prix des matières premières et énergétiques :

La dépendance énergétique du Royaume (90 % en 2019) rend l’approvisionnement du Maroc en ces ressources à l’international de plus en plus cher et économiquement contraignant. En effet, le renchérissement conjugué de la facture énergétique (153,2 MM DH) et alimentaire ont augmenté la valeur des importations pour atteindre 614,9 MM de DH à fin octobre 2022.

Cette tendance haussière des importations s’explique en grande partie par l’envolée des prix du gaz naturel et de l’électricité. Leur prix en atteint des niveaux inégalés. Quant au prix du pétrole : il s’est accru pour atteindre le double de son niveau de 2019, avec un dépassement de la barre de 100 $ le baril en juin dernier. Cette hausse s’explique en majore partie par le joug des tensions géopolitiques.

En effet, la guerre ukrainienne déclenchée le 24 février 2022 a provoqué une crise alimentaire et énergétique sans précédente. Un confit qui a vite transformé en crise entre l’occident et la Russie, sous l’effet des sanctions bilatérales, a tiré vers la hausse les prix des céréales, du gaz et du pétrole ainsi que d’autres matières premières.    

En dépit des avancées réalisées par le royaume pour réduire sa dépendance énergétique, Le Maroc reste un grand importateur des énergies fossiles. L’ augmentation des cours de ces matières à l’international a durement influencé les prix au niveau interne.

Défis n°3 : inflation galopant et dégradation du pouvoir d’achat des ménages.

La hausse sévère des prix des produits alimentaires au niveau mondial s’est ressenti directement par la population dans les prix des carburants, qui ont augmenté le coût de transport à 12.9 %, ce qui a renchéri le prix des produits de consommation.

Cette situation a érodé le pouvoir d’achat des ménages. D’ailleurs, La dernière sortie du HCP par une enquête sur le moral des ménages a souligné que le niveau de confiance des Marocains est à son niveau le plus bas. Cet indice a enregistré selon HCP 46,6 points au 4ᵉ trimestre 2022, au lieu de 61,2 % par rapport à la même période de l’année précédente. Jamais le moral n’a été aussi bas depuis 2008. L’instance n’a pas caché ces inquiétudes sur la cherté de la vie des Marocains, selon l’enquête : 52.4 % S’attendent à une dégradation du niveau de vie au cours des 12 prochains mois, contre 9.4 % qui s’attendent à une amélioration.

Dans la même veine, l’indice des prix des produits alimentaires de la Banque Mondiale a augmenté de 13 % en juillet par rapport au même mois en 2021. L’inflation au Maroc, provoqué par des chocs exogènes, a culminé 8.3 % en septembre 2022, résultat des hausses spectaculaires des prix des produits alimentaires et, dans une moindre mesure, des prix des produits non alimentaires, avant de reculer un peu à 6.2 % qui est un niveau déjà très élevé aux regards des règles de bonne conduite de la discipline budgétaire qui fixe le taux d’inflation à 2 %.

Selon les experts, cette situation de faible croissance économique conjuguée à une hausse de l’inflation laisseront présager le spectre de stagflation, hypothèse forte probable si en tenant compte les évolutions récentes de l’économie mondiale, un phénomène qui va frapper fort plusieurs pays si la situation n’améliorera pas à court terme.

Défis n°4 : resserrement de la politique monétaire de Banque El maghreb (BAM).

Dans ces conditions et Afin de lutter contre l’inflation, la BAM à hisser en octobre dernier son taux directeur de 50 point de base, il est désormais à 2,5 %. Cette décision a été prise en mage de la réunion de politique monétaire de la BAM dans le but de limiter les poussées inflationnistes et réduire la vitesse de la croissance de la masse monétaire. La hausse du taux directeur a automatiquement impacté les taux d’intérêts pratiqués par les banques commerciales pour les crédits alloués aux ménages et aux entreprises.

Evidemment, la hausse de coût de financement de l’économie a inéluctablement un impact défavorable : d’abord,  sur les échéances de paiement qui vont alourdir les charges d’intérêt aux débiteurs, en suite, en termes de durcissement des conditions d’octrois des prêts, à cause de la hausse du coût du crédit. Cela va provoquer un assèchement de la liquidité dans l’économie, générant baisse de la production et chômage.

Défis n°5 : l’augmentation de la dette publique à un effet dommageable sur la performance globale de l’économie.

Il va de soi que, La hausse vertigineuse de la dette publique génère évidemment une mauvaise allocation des ressources, réduise les marges de manœuvre budgétaires des pouvoirs publiques, affecte négativement la croissance et le progrès social, sans parler du problème intergénérationnel qu’elle génère, transmettait le fardeau et les taxes de demain aux générations futures. Dans ce sillage, le Maroc, et vu le contexte de marasme, ne va pas sortir indemne de l’impact de la dette souveraine sur l’économie, si la situation persiste.

Les Statistiques officielles montrent que, la dette de l’État (trésor et autres établissements publics) devrait dépasser 83 % selon projection de HCP. Jusqu’à présent, le trésor est débiteur à hauteur de 62 %. Un niveau qui devrait augmenter à 71.2  %  selon les estimations de HCP pour 2023 (sous le double effet de l’augmentation des dépenses publiques et la chute drastique des recettes ordinaires, Après 60,3 % en 2019).

En guise de conclusion et à la lumière de ces données, les ondes de risques qui planent sur l’économie marocaine conjuguée à une conjoncture internationale morose laisseront présager un scénario pessimiste, qui ne va être s’estompé que par une dissipation de ces facteurs.

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