Théories du développement.
La théorie du développement a été le théâtre de plusieurs travaux de recherche académique, entre autres :
- La théorie de l’esprit d’entreprendre et de développement économique.
- Le modèle de développement de Lewis.
- La théorie de la croissance appauvrissante.
- La théorie de la croissance équilibrée.
- La théorie de la dépendance.
- La théorie de la gouvernance.
- La théorie de la recherche de rente.
- La théorie des étapes de la croissance.
- La théorie des industries industrialisantes.
- La théorie du cercle vicieux de la pauvreté.
- La théorie keynésienne du sous-développement.
- Les étapes de la croissance selon Rostow.
- Les analyses orthodoxes du sous-développement.
- … etc.
La théorie de l’esprit d’entreprendre et développement économique : Il existe toute relation entre l’entrepreneuriat et le développement économique dans la mesure où l’esprit d’entreprendre et la création d’entreprise sont des facteurs essentiels dans la création de richesse, ce qui impact positivement le développement et finalement le progrès de la société.
En revanche, le sous-développement d’après cette théorie peut être appréhendé comme une régression de plusieurs valeurs, entre autres : l’aspect socio-culturel (ignorance, précarité, rigidité mentale, méthodes de travail primitives, etc.).
L’aspect psychologique et entrepreneurial (manque d’initiative, privé, absence de l’esprit d’entreprendre, responsabilité, peur de l’échec, la méfiance vis-à-vis de la prise de risque, démotivation, etc)… sont autant de variables qui influencent et retardent de près ou de loin le développement de toutes les composantes de la société dans son ensemble.
Le modèle de développement de Lewis : La théorie de Lewis s’articule autour du constat suivant : le développement économique des pays passe inéluctablement par le secteur moderne industriel. Cette industrialisation de l’économie ne peut être aboutie que grâce à l’exploitation de la main d’œuvre bon marché émanant du secteur traditionnel, ce qui permet de réaliser et d’engranger des profits importants.
Selon Lewis, les pays de la périphérie sont constitués d’une « économie duale » composée d’un secteur capitaliste et d’un secteur traditionnel.
Le premier comprend des activités manufacturières et minières et d’agriculture commerciale : il est orienté vers le profit, lequel est consacré au financement de l’investissement.
Le second secteur qui inclut l’agriculture traditionnelle et les activités informelles urbaines est orienté vers la subsistance.
La théorie de la croissance appauvrissante : La théorie classique du commerce international a été sous le feu de la critique vers les années soixante de la part de plusieurs économistes de l’époque qui ont nuancé les bienfaits du libre-échange. C’est pourquoi l’économiste Jagdish Bhagwati (1958) a soulevé le constat suivant : la croissance est paradoxalement appauvrissante.
Les études menées par cet auteur sur les grands exportateurs de l’époque : la Chine, l’Inde et le Brésil, ont montré qu’une forte croissance orientée vers l’exportation détériore les termes de l’échange du pays exportateur qui se trouve dans une situation moins favorable qu’en absence de croissance.
Ce constat est d’autant plus vrai dans la mesure où la croissance économique des pays participants aux échanges commerciaux n’est pas indépendante du commerce mondial. L’interdépendance s’explique par les termes de l’échange. Considérant le cas d’un grand pays exportateur avec un degré d’ouverture relativement important.
Ce pays avec l’énorme quantité exportée va exercer une influence considérable sur l’offre exportable mondiale, cela va entraîner une baisse du prix à l’international, une dégradation des termes de l’échange si le prix ne varie pas dans les pays importateurs.
De ce fait, une partie des gains de la croissance ne va pas profiter au pays exportateur, mais plutôt aux consommateurs étrangers qui ont bénéficié d’une baisse des prix des produits importés.
La théorie de la croissance équilibrée : cette théorie a été formulée dans les années trente par l’économiste Roy Forbes Harrod et révisé dans 1948. Selon cet auteur, la croissance ne peut être équilibrée que s’il existe un équilibre entre l’épargne et l’investissement. Harrod est, d’après les résultats de ces travaux, aucune force interne ne peut assurer une telle croissance équilibrée.
Le modèle de Harrod a été repris par Evsey Domar en 1946 qui considéré le caractère dual de l’investissement : d’un côté, il stimule la consommation et déclenche le multiplicateur keynésien et de l’autre côté, il promeut l’offre des biens et services ce qui augmente le stock du capital de l’économie. La croissance équilibrée est celle qui réalise l’équilibre entre l’accroissement de l’offre et la demande.
Le modèle de Solow sur la question de la croissance équilibrée montre aussi que celle-ci ne peut être atteinte que si le taux de croissance de la production et identique à celui du taux de croissance du capital.
La théorie de dépendance : la théorie de la dépendance trouve sa naissance dans la genèse de l’impérialisme économique (courant marxiste) qui a dominé le monde à partir des années soixante dix dans les pays de l’Amérique latine. C’est un cadre structure qui permet d’interpréter le développement économique à la périphérie du système capitaliste.
En effet, la dépendance prend plusieurs formes, notamment : économique, financière, commerciale, industrielle, culturelle, etc. Elle est intrinsèquement liée au centre du monde occidental comme les États-Unis et l’Europe qui dominent et puisent les ressources des pays de la périphérie.
De ce fait, les pays dits « développés » se voient responsables des difficultés d’intégration des pays de la périphérie dans les économies de marché. Le sous-développement est donc la résultante de la dépendance.
La théorie de la gouvernance : la théorie de la gouvernance trouve son essence dans le fonctionnement de L’État de droit puisqu’elle combine la science politique et l’économie institutionnelle. Le développement sous ce prisme ne peut être appréhendé que grâce aux États qui exercent leurs missions régaliennes classiques et qui misent en œuvre les politiques publiques les plus efficaces que n’importe quel autre acteur ne peut pas le faire
La théorie de la recherche de rente : la théorie de la rente à un intérêt majeur dans l’explication du phénomène du sous-développement dans la mesure où les acteurs économiques organisés (multinationales, associations, entreprises, Banques, etc.) exercent des pressions sous forme de lobbying sur le gouvernement. De tel procédé permet la disparition d’énormes ressources de la majorité gouvernée vers la minorité gouvernante.
De ce fait, le lobbying aux intérêts divergents concours à influer sur les décisions politiques. En réponse, les politiciens qui n’agissent pas principalement pour le compte de la grande majorité, s’alignent aux exigences du lobbying, ils sont alors à la recherche d’une rente comme les groupes de pression classiques.
On assiste donc à une complicité entre les groupes de pressions et les élites politiques qui convergents et favorisent leurs intérêts privés au détriment de la cause commune.
La théorie des étapes de la croissance : cette théorie mise en évidence que toute société doit nécessairement passer en différentes phases dans son développement. En réalité, le constat est d’autant plus complexe que la simple réalisation mécanique de ces étapes. En général, il existe selon Rostow 5 étapes du processus de croissance :
- La société traditionnelle.
- L’accumulation des conditions préalables au décollage (take-off).
- Le décollage.
- La marche à la maturité.
- L’âge de la consommation de masse.
La théorie des industries industrialisantes : le concept de l’industrie industrialisante a été introduit pour la première fois : par Gérard Destanne de Bernis qui stipule que pour réduire la dépendance des pays pauvres aux pays riches, ces pays doivent investir davantage dans les industries productives à forte intensité capitalistique qui permettent de produire plus de biens et services nécessaires à la consommation future.
La réussite de cette stratégie nécessite l’intervention massive de l’État dans la sphère économique via des politiques publiques prometteuses qui favorisent la planification et la nationalisation des entreprises.
La théorie du cercle vicieux de la pauvreté : la pauvreté a été depuis longtemps expliqué par les économistes comme étant un marasme qui sévit le corps social, elle se matérialise par un faible revenu, ce qui ne permet pas d’épargner, donc d’investir dans l’économie productive, ce qui rend l’accumulation du capital faible, sanctionne la productivité et l’accroissement des revenus.
Parmi les solutions envisageables apportées par les économistes, on trouve celle de Nurkse qui préconise, pour rompre avec le cercle vicieux de la pauvreté, de demander l’aide du capital étranger et d’investir davantage dans l’économie réelle.
Cependant, cette théorie a été sous le feu de la critique du fait, d’abord : de son explication mécanique du phénomène : les pays pauvres ne sont pauvres que parce qu’ils sont pauvres d’office, en suite, il est difficile sur le terrain de constater le faible revenu dans les pays pauvres, en fin, cette théorie n’a pas expliqué pourquoi les pays riches ont réussi la transition.
L’analyse keynésienne du sous-développement : le phénomène du sous-développement a été appréhendé par plusieurs d’auteurs d’inspiration keynésienne comme étant la résultante des spécificités intrinsèques aux pays en voie de développement : forte croissance démographique, l’existence d’une économie duale à prépondérance traditionnelle.
La manne des ressources naturelles entraîne une augmentation de la population active, ce qui accroît l’offre de travail. Comme la demande du travail n’augmente pas aussi vite et au même rythme, cela provoque un chômage endémique, ce qui impose par ricochet une pression sur les salaires. De ce fait, le faible niveau de salaire empêche l’existence d’une demande solvable susceptible de créer des débouchés aux entreprises locales.
Les analyses orthodoxes du sous-développement.
L’analyse marxiste : la vision marxiste analyse le sous-développement comme étant la conséquence inéluctable du développement des PDEM (Pays Développés à Économie de Marché). Les PED (Pays En Développement) sont exploités par les PDEM via le mécanisme du commerce international.
En effet, les PED sont dans l’obligation d’exporter des produits bruts à faible valeur ajoutée et d’importer en revanche des produits manufacturiers à forte valeur ajoutée. Ce mécanisme de privation appauvrit davantage les PED et rend la dépendance perpétuelle en faveur des PDEM qui garde le surplus d’échange.
De ce fait, la participation au libre-échange accroît la dépendance (technologique, économique, humain, financière, etc.) des PED dits « pays de la périphérie » vis-à-vis des PDEM « pays du centre » qui contraints les premiers à se soumettre aux diktats et aux règles du marché en faveur des seconds.
L’analyse tiers-mondiste : L’analyse tiers-mondiste, qualifiée souvent de l’approche structuraliste, attribue le sous-développement aux caractéristiques structurelles des PED. En effet, plusieurs facteurs concourent pour maintenir le statuquo, notamment :
L’existence d’une économie duale désarticulée entre un secteur moderne dominé par les firmes multinationales (FMN) et un secteur traditionnel, sans complémentarité et effet d’entraînement entre les deux. D’où la persistance des inégalités en termes de l’écart de productivité, de revenu, donc de niveau de vie.
La présence d’une classe dirigeante qui contrôle les rouages de l’économie et qui oriente la croissance dans le sens qui lui semble compatible avec leurs intérêts privés et ceux étrangers, ce qui accroît la dépendance en faveur des PDEM, dont les pots-de-vin peuvent s’exprimer de nombreuses façons (soutien armé au régime, aides sélectives aux partisans du régime, pantouflage, participation dans des joint-ventures, etc.). De ce fait, le développement se trouve souvent bloqué, empêche toute tentative de démarrage du système productif autochtone
L’analyse libérale classique : l’analyse libérale du sous-développement a été appréhendée par Rostow qui explique le phénomène comme étant un retard dans la réalisation des projets structurants dans l’économie.
Rostow ajoute que, tous les pays doivent passer en cinq étapes de la croissance observées dans les pays développés afin d’atteindre le développement escompté. Le processus linéaire de la croissance selon Rostow: la société traditionnelle, les conditions préalables au démarrage, la marche vers la maturité et la société de consommation de masse.
Selon Rostow, le blocage du processus de développement peut être attribué à des facteurs endogènes et exogènes, notamment : choix stratégiques erronés de la part des gouvernements des PED, retard technologique non rattrapé, dépenses publiques irrationnelles et somptueuses, spécialisation internationale incorrecte, corruption endémique, etc. La correction de la trajectoire reste la seule voie royale vers le progrès escompté.
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